Environ 70% des patients présentant un cancer vont devoir être traités par radiothérapie.

Parmi ceux-ci autour de 1% est porteur d’un PMK ou d’un DAI.

Leur nombre est croissant et les interactions entre radiothérapie  et prothèse doivent être bien appréhendées  pour un traitement optimal : perte de chance d’un traitement insuffisant / mise en danger d’un patient stimulo-dépendant.

Les prothèses actuelles utilisent des semi-conducteurs « metal oxide  complémentaires » pour leur circuits intégrés (CMOS), ce qui a permis leur miniaturisation et un allongement de leur durée de vie grâce à une très faible consommation de courant . Ces circuits sont cependant devenus plus sensibles qu’auparavant aux rayonnements.

Malgré ce, les recommandations  et la conduite à tenir ne sont pas régulièrement mis à jour par les constructeurs.

La radiothérapie peut entrainer 3 différents types de dysfonctions :

*des surdétections transitoires , liées à des interferences electro-magnétiques pendant les séances, entrainant l’inhibition de la stimulation de PMK  ou le déclenchement de thérapie de DAI.

*une déprogrammation partielle ou complète avec repli sur un mode dégradé , une altération des fonctions mémoires .

*une dysfonction permanente avec possible mutité obligeant au remplacement

La prévalence de ces évenements est de 2 à 7%, la plupart étant  bénins.

Une stratification du risque est donc nécessaire pour adapter le shéma thérapeutique.

Ce risque est d’autant plus important que :

*le patient est stimulo-dépendant

*l’irradiation forte > 5 Gy

*la zone irradiée proche de la prothèse : si la distance est supérieure à 10 cm l’irradiation restera <2 Gy, entre 3 et 10 une dosimétrie sera à réaliser lors de la première séance pour estimer la dose totale qui sera reçue, inférieure à 3 cm une adaptation du plan de traitement est nécessaire. L’irradiation directe du boitier si elle ne peut être évitée fera discuter son repositionnement .

*la source productrice de neutrons.

En fonction il sera qualifié de faible, intermédiaire ou élevé et la CAT déterminée :

*Risque faible : patient non stimulo-dépendant, dose reçue par la prothèse <  2Gy pas d’émission de neutrons

*Risque intermédiaire : patient  stimulo-dépendant, dose reçue < 5 Gy,  pas d’émission de neutrons

*Risque élevé : patient stimulo-dépendant , dose reçue > 5 Gy ou émission de neutrons

Le patient devra être informé des risques d’endommagement du boîtier et de la désactivation temporaire des thérapies antitachycardiques du DAI pendant la séance.

Il doit également rapporter la survenue de signes cliniques (lipothymie, palpitations, dyspnée) qui traduiraient une dysfonction.

L’organisation des séances doit respecter les principes suivants :

*l’énergie du faisceau ne doit pas dépasser 10 Méga Volts.

*l’asservissement doit être désactivé pendant les séances.

*la programmation temporaire en mode asynchrone, par programmateur ou en plaçant un

  aimant sur le stimulateur, pendant chaque séance chez les patients stimulo-dépendants .

*les thérapies antitachycardiques du DAI doivent être désactivées temporairement.

*la surveillance visuelle du pouls à l’aide d’un oxymètre est à réaliser.

*une astreinte cardiologique est nécessaire, un programmateur dédié à la prothèse

  disponible.

Le contrôle de la prothèse sera fait après la 1ère et dernière séance si le patient est à faible risque, également en milieu et fin de traitement si ce risque est intermédiaire, et après chaque séance s’il est élevé. Dans tous les cas des contrôles sont à réaliser 1 et 6 mois après la fin du traitement. La télécardiologie est d’une grande aide si elle est disponible.

Bibliographie :

Meor Azraai, Daniel D’Souza, Voltaire Nadurata : Current Clinical Practice in Patients With Cardiac Implantable Electronic Devices Undergoing Radiotherapy:  Heart, Lung and Circulation (2022) 31, 327–340